Chronologie

The South East Asian Refugees

Canada 1975-1991

Bref aperçu

L’implication américaine au Vietnam a commencé dans la foulée de la Seconde Guerre mondiale et dans le contexte du conflit avec l’Union soviétique qu’on a appelé la Guerre froide. Les États-Unis ont commencé à fournir des fonds aux forces françaises pour appuyer leur présence au Vietnam alors que celles-ci se battaient contre les forces menées par le Parti communiste du Vietnam. En 1950 l’Union soviétique et la Chine ont reconnu la République démocratique du Vietnam, dirigée par les communistes et basée à Hanoï dans le nord. Peu après les É-U et ses alliés ont reconnu l’État du Vietnam basé à Saigon dans le sud.


Le 7 mai 1954, à la suite d’un conflit à Diên Biên Phu avec les forces militaires du Nord, les forces françaises se sont rendues. Cela a marqué la fin de l’implication militaire française en Indochine. Lors d’une conférence de paix à Genève, les Français ont négocié un accord de cessez-le-feu avec le Nord. Le pays a été temporairement partitionné le long du 17e parallèle. Aux termes des accords de Genève, on a donné aux civils la possibilité de se déplacer librement entre les deux États provisoires pendant une période de 300 jours. Des élections devaient être tenues partout dans le pays en 1956 en vue d’établir un gouvernement unifié. Par la suite, les Américains ont répudié l’accord puisque celui-ci n’avait été signé ni par eux ni par le gouvernement sud-vietnamien qu’ils appuyaient. Aux termes de l’accord de Genève le Laos et le Cambodge sont devenus indépendants.


Des milliers de Vietnamiens, catholiques pour la plupart, ont migré vers le sud alors que les sympathisants du Parti communiste se sont déplacés vers le nord au cours des 300 jours. En 1956, les derniers soldats français ont quitté le Sud-Vietnam et les derniers soldats chinois ont quitté le nord. Dans le nord Hô Chi Minh et le Parti communiste ont consolidé leur pouvoir alors que dans le sud Ngo Dinh Diêm, nommé premier ministre, a consolidé son pouvoir à son tour. Les élections d’unification n’ont pas eu lieu.


L’implication directe américaine en Asie du Sud-Est a duré au Vietnam, au Cambodge et au Laos du 1er novembre 1955 jusqu’à la chute de Saigon et du Sud-Vietnam le 20 avril 1975. Les États-Unis ont voulu remplacer la France comme pouvoir dominant en Asie du Sud-Est et par leur politique d’endiguement ont cherché à empêcher la chute du Laos, du Cambodge et du Sud-Vietnam aux mains des forces communistes.


La guerre du Vietnam a été menée entre le Nord-Vietnam, appuyé par l’Union soviétique et la Chine, qui fournissaient un soutien politique et du matériel de guerre et le Sud-Vietnam, appuyé par les Etats-Unis, qui ont d’abord envoyé des conseillers militaires et ont fini par intervenir directement avec des forces terrestres, aériennes et navales. La guerre a été extrêmement destructrice, a causé des déplacements internes massifs et a été étendue au Laos (1968) et au Cambodge (1970). Une offensive massive nord-vietnamienne en 1968 (l’offensive du Têt) a été vaincue militairement par les forces américaines et sud-vietnamiennes mais a détruit le soutien populaire américain, ce qui a mené au retrait final des États-Unis.


Le 30 avril 1975, les troupes nord-vietnamiennes entraient dans Saigon, ce qui marquait la fin de la guerre du Vietnam. Les nationalistes communistes victorieux étaient prêts à punir leurs ennemis, c’est-à-dire les sympathisants, fonctionnaires et soldats de l’ancien gouvernement. De plus, le nouveau gouvernement considérait les membres des classes professionnelles ou entrepreneuriales, surtout ceux appartenant à des groupes ethniques minoritaires - en particulier les Chinois - comme des ennemis de classe à expulser ou à rééduquer, c’est-à-dire à punir dans des conditions similaires à celles de camps de concentration. Au Cambodge, les Khmers rouges, qui avaient pris le pouvoir en 1975 sous Pol Pot, arrêtaient et exécutaient ceux qui avaient un lien quelconque avec l’ancien gouvernement, ainsi que les propriétaires terriens, gens d’affaires, professionnels et intellectuels. On estime que ce génocide a fait entre 1,5 et 2 millions de morts dans des camps un peu partout dans le pays. Ces morts représentaient à peu près le quart de la population. En 1978 les forces du Vietnam unifié ont envahi le Cambodge et ont renversé les Khmers rouges. Entre 1978 et 1992 le pays était occupé par une succession de gouvernements sous l’influence des forces vietnamiennes.

Pour le Canada, le Mouvement des réfugiés indochinois a été très important pour plusieurs raisons. Il s’agissait du plus grand mouvement de réinstallation de réfugiés depuis le vidage des camps de personnes déplacées en Europe à la suite de la Seconde Guerre mondiale.

Au cours de la guerre, les bombardements incessants ont entraîné la destruction des terres et des rizières parsemées de mines et contaminées par les produits chimiques et les herbicides utilisés pour détruire le riz et d’autres cultures. En raison de son importance stratégique, le Laos faisait partie de la Guerre secrète américaine et a été soumis à une campagne de bombardements américaine. Entre 1964 et 1973, les É-U ont largué deux millions de tonnes de bombes sur le Laos, ce qui en faisait le pays le plus fortement bombardé au monde. En 1975, le Pathet Lao, le Parti communiste lao, a pris le pouvoir au pays après une guerre civile avec l’armée royale lao commencée en 1960. Dans les années suivant 1975, de nombreux Vietnamiens, Cambodgiens et Laotiens ont connu des pénuries alimentaires ou sont morts de maladies ou de faim.


La fuite des réfugiés du Vietnam, du Cambodge et du Laos vers d’autres pays bordant la mer de Chine méridionale, soit par bateau vers des ports en Thaïlande, en Malaisie, en Indonésie, en Chine, aux Philippines ou à Singapour soit par voie de terre vers la Thaïlande et la Chine a commencé en avril-mai 1975 et a continué, de façon intermittente, jusqu’au début des années 1990.


Le premier exode majeur de réfugiés a eu lieu en 1975-76, à la suite des victoires communistes dans les trois pays. Après un bref répit en 1977, les exodes ont augmenté rapidement en 1978, tant par bateau sur la mer de Chine méridionale qu’à travers les frontières terrestres à partir du Cambodge et le fleuve Mékong à partir du Laos, atteignant des proportions catastrophiques au début de 1979. Une série de guerres locales, le règne de terreur des Khmers rouges au Cambodge, de mauvaises récoltes, des conditions économiques épouvantables ainsi que la persécution de ceux qui étaient considérés comme des ennemis de classe ou des ennemis ethniques ont poussé un grand nombre de personnes à entreprendre des voyages extrêmement dangereux, et souvent mortels, pour fuir leur patrie. La communauté internationale est parvenue à s’entendre pour résoudre cette crise humanitaire et politique majeure d’ordre international en Asie du Sud-Est en juillet 1979 par la réinstallation dans des pays développés.


À la fin de 1980, le nombre de camps avait été considérablement réduit et la crise des réfugiés semblait réglée à première vue. En 1981, les trois pays sources de réfugiés progressaient lentement et de façon inégale vers une stabilisation interne. Cependant, tout au long du début des années 1980, de grandes parties de leur population se sentaient sous pression et continuaient de s’enfuir vers les pays voisins et ensuite vers la réinstallation dans l’Ouest. À la fin des années 1980, cependant, le Vietnam, le Laos et le Cambodge étant largement stabilisés, il est devenu évident qu’une proportion croissante de ceux qui arrivaient dans les camps de réfugiés étaient motivés par des facteurs d’ordre familial et économique. En 1989, par l’entremise du Plan d’action global pour les réfugiés indochinois, la communauté internationale a introduit un filtrage pour les demandeurs du statut de réfugié et a convenu d’éliminer progressivement la réinstallation dans un pays tiers comme la principale solution aux exodes des populations de l’Asie du Sud-Est.


Pour le Canada, le Mouvement des réfugiés indochinois a été très important pour plusieurs raisons. Il s’agissait du plus grand mouvement de réinstallation de réfugiés depuis le vidage des camps de personnes déplacées en Europe à la suite de la Seconde Guerre mondiale. C’était le premier mouvement massif de réfugiés à réinstaller des populations de minorités visibles qui étaient culturellement, ethniquement et linguistiquement très différentes de la société canadienne dominante. C’était le premier mouvement de réfugiés dans lequel des Canadiens ordinaires, le peuple canadien, ont joué un rôle décisif par l’entremise des nouveaux programmes de parrainage privé et par groupes. Le rôle extraordinaire joué par des Canadiens ordinaires pour résoudre la crise des réfugiés de l’Asie du Sud-Est a été reconnu internationalement par le décernement de la médaille Nansen (la plus haute distinction pour l’accueil des réfugiés) au peuple du Canada en 1986.


Pour répondre aux défis administratifs et opérationnels du mouvement des réfugiés indochinois, les fonctionnaires canadiens ont créé plusieurs solutions innovantes (parrainages privé et par groupe, catégories désignées ainsi que le centre de jumelage des réfugiés) qui sont encore en place. Finalement, et surtout, l’intégration réussie des réfugiés vietnamiens, cambodgiens et laotiens dans la société canadienne a démontré que les réfugiés peuvent faire et font effectivement de réelles contributions au Canada, et qu’eux et leurs enfants peuvent devenir et deviennent des Canadiens engagés, productifs et patriotes.

Chronologie

1975-1978


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